Traductions du Coran

Page de titre de L'Alcoran de Mahomet, première traduction du Coran en français (André Du Ryer, 1647).

Les traductions du Coran sont des travaux visant à rendre le Coran compréhensible à des non-arabophones. Alors que le Coran est, dans sa version originale, écrit en langue arabe, des traductions existent dans de nombreuses langues africaines, asiatiques et européennes[1].

Les premiers travaux de traductions sont anciens, mais le sujet est particulièrement épineux[2],[3],[4],[5],[6],[7] : selon la théologie islamique, le Coran est une révélation très spécifique à la langue arabe, en tant que tel il ne peut être récité qu'en langue arabe coranique. Comme les traductions dans d'autres langues sont nécessairement le fruit d'une œuvre humaine, d'après certains musulmans, elles ne possèdent plus le caractère sacré et unique de la version originale. Ces traductions changent nécessairement, et même si cela est de manière insensible, le sens, ce qui leur vaut d'être appelées « interprétations »[8] ou traduction(s) du sens. Par exemple, Pickthall a nommé sa traduction The Meaning of the Glorious Koran plutôt que The Koran.

L’œuvre de traduction n'est pas aisée ; certains locuteurs nativement arabophones confirment que certains passages du Coran sont difficiles à appréhender même dans l'arabe original. Une part de cela est due à la difficulté même de toute traduction ; en arabe comme dans d'autres langues un simple mot peut être ambigu ou polysémique[8]. Un élément de jugement humain est toujours nécessairement mis en jeu pour comprendre et traduire un texte. Ce facteur est rendu plus compliqué par l'évolution du sens des mots entre l'arabe classique et l'arabe moderne. Il en résulte que même des versets coraniques qui semblent parfaitement clairs aux locuteurs natifs habitués au vocabulaire et à l'usage moderne peuvent ne pas se représenter le sens original des versets.

Le sens original de passages coraniques peut aussi être dépendant des circonstances historiques de la vie du prophète Mahomet et des premières communautés, époque de son origine. Les recherches dans ce contexte peuvent nécessiter une connaissance détaillée des hadîths et de la sîra, qui constituent eux-mêmes un corpus étendu et compliqué de textes. Ceci ajoute des éléments d'incertitude qui ne peuvent être éliminés par aucune règle de traduction.

  1. (en) Afnan Fatani, « Translation and the Qur'an », dans Oliver Leaman (en), The Qur'an: an encyclopaedia, Londres, Routledge, , 771 p. (ISBN 0-415-32639-7), p. 657–669.
  2. Sylvette Larzul, « Les premières traductions françaises du Coran (XVIIe – XIXe siècles) », Archives de sciences sociales des religions, vol. 147 « Traduire l’intraduisible »,‎ , p. 147–165 (ISBN 978-2-7132-2217-7, DOI 10.4000/assr.21429).
  3. Amélie Neuve-Eglise, « Les traductions françaises du Coran : de l'orientalisme à une lecture plus musulmane ? », Revue de Téhéran, no 11,‎ (lire en ligne).
  4. Sepehr Yahyavi, « Aperçu sur les traductions du Coran en latin et en français », Revue de Téhéran, no 82,‎ (lire en ligne).
  5. Seyfeddine Ben Mansour, « Traductions du Coran en Occident : Des siècles de malveillance »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur zamanfrance.fr, (consulté le ).
  6. Gaafar Sadek et Salah Basalamah, « Les débats autour de la traduction du Coran : Entre jurisprudence et traductologie », Théologiques, vol. 15, no 2,‎ , p. 89–113 (DOI 10.7202/017774ar).
  7. F. Arin, « Le Coran, traduction de Denise Masson », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, no 3,‎ , p. 199–202 (lire en ligne).
  8. a et b (en) Malise Ruthven (en), Islam in the World, Granta, , 502 p. (ISBN 978-1-86207-906-9), p. 90.

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